C’est ce que nous pensions en partant de Tbilissi jeudi matin dernier. Quelle idée d’aller en pleine montagne, à Gyumri, ville réputée pour être la « Sibérie du Caucase » ? Nos amis là-bas nous ont bien prévenus : il peut faire jusqu’à – 30°C ! Mais comme nous sommes jeunes et fous, nous partons comme prévu nous demandant ce que nous allons rencontrer…
I / Le départ
Ce matin là donc, nous partons avec David, notre hôte.

Dans cet immeuble, pas de charges d’immeuble, mais il faut payer 5 tetri (soit 2 centimes d’euros) pour monter en ascenseur !
Il nous dépose place de la Liberté, au centre de Tbilissi, et nous rejoignons la cathédrale catholique où dort tranquillement notre tandem.

La place de la Liberté

La cathédrale catholique de l’Assomption

… recouverte d’icônes racontant l’Ancien Testament et le Nouveau Testament
Après nous être équipés, nous disons au revoir à Mgr Giuseppe ainsi qu’au père Andrès. Nous nous équipons et andiamo.
Nous voilà donc partis pour 200 kms de montagne.

Sur la route nous apercevons de nombreux marchands ambulants d’oranges et clémentines qui arrivent pour beaucoup de Turquie.
II / Première étape :
16 h, le soleil commence tranquillement à tomber. Nous arrivons à Sulaveri. La route a été plutôt plate ! C’est une bonne surprise.
Et nous retrouvons cette question que nous n’avons pas eu à nous poser ces dernières semaines de citadins à Istanbul puis à Tbilissi ; cette question que nous nous posons à l’entrée du village devant les maisons qui se suivent les unes derrières les autres :
» Bon, par où commençons-nous ? Où allons-nous frapper à la porte ? «
Nous prenons une rue sur la gauche, ou plutôt un chemin, traversons des étalages de clémentines et d’oranges et interpellons une dame, confiants en notre message écrit en géorgien par David et qui explique ce que nous cherchons. Sauf que … dans cette région de la Géorgie, les gens sont Arméniens et Azeris ( habitants de l’Azerbaïdjan ) et peu parlent et lisent le géorgien !

C’est peut-être la plus belle écriture que nous ayons vu. Et à la fin, David a écrit : » Ils sont très gentils ! «

Ici, les parents mettent des rubans aux portails pour signifier que leur fille est prête à marier. Les prétendants savent ainsi à quelle porte se présenter.
Finalement, au-bout de 2 maisons, nous sommes accueillis par Enrika, une dame arménienne qui habite là avec son mari, sa mère Ema ( qui fêtait ce jour-là ses 82 ans ) et son fils handicapé Ararat. Ararat, nom du mont emblème de l’Ancienne Arménie. Aujourd’hui situés en Turquie.
III/ Deuxième jour, passage de la frontière
Aujourd’hui, après un bon petit déjeuner, nous partons ( à 10h30… ) en direction de la frontière. Nous la passons à midi et nous nous arrêtons déjeuner après.
Et nous entrons dans le canyon du Debed, un canyon de 60 km. Encore une bonne surprise : nous n’avons qu’à suivre la voie ferré et la rivière. Donc pour le moment, pas de cols à passer !
Sur la route, nous sommes étonnés du nombres d’usines désaffectées. Cette région paraît un peu morte. Effet renforcé par l’hiver qui donne un paysage gris.
IV / Ainsi parle le Seigneur : « Vous irez à la messe dimanche ! «
L’après-midi est déjà bien avancée. Nous n’arriverons pas à avancer plus aujourd’hui. Pff ! encore 70 km avant Spitak où il y a des Missionnaires de la Charité et où nous aurions pu aller à la messe. Nous ne voyons pas comment on y arrivera ! Nous avons déjà fait de grosses journées à 70 km, mais pas en montagne. Même si la route est dans le canyon, nous avons des montées et elle n’est pas très bonne.
Or, sur le bord de la route, une camionnette blanche s’est arrêtée. Un homme nous fait signe de nous arrêter. » Encore un qui veut nous vendre quelque chose, » nous disons-nous. Nous continuons notre route.
» Tiens, revoilà la sous-préfette ! » dit Ben au moment où la camionnette nous dépasse de nouveau. Et le voilà qui s’arrête de nouveau.
Cette fois, nous nous arrêtons, un peu méfiant.
» – Je parle allemand. Je peux vous aider. Ici, vous ne trouverez personne qui parle autre chose que l’arménien ou le russe. Voulez-vous que je vous indique un hôtel ? » Nous demande l’homme en allemand. Avec notre allemand scolaire, nous lui expliquons que nous comptons nous arrêter dans le prochain village et demander à une famille de nous accueillir.
« – Etes-vous chrétiens ? Catholiques ? Je suis pasteur évangélique. Je peux vous accueillir dans mon église pour la nuit. Mon village est à 30 km. «
Nous réfléchissons et acceptons : nous pouvons faire 30 km, sachant que notre logement est assuré.
» – Mettez votre tandem dans ma camionnette, je vous emmène !!!! «
Encore un clin d’oeil de la Providence. C’est donc chose faite. Nous voilà en camionnette à parcourir 30 km.
Nous sommes accueillis par la femme du pasteur. Thé et ping-pong avec leur fille puis dîner sont de la partie !

Les voyez-vous ces jolis chaussons ? Après une petite serviette reçue en Grèce, encore un cadeau pour notre futur bébé…!
» Bon demain, je pars à 9h. On laisse votre vélo dans la voiture, car je vais dans la même direction que vous. Je vous emmène donc jusqu’à Vanadzor ! »
V/ Jusqu’à Spitak
Ainsi, nous arrivons à Vanadzor. Sur la route, Robert nous raconte le terrible tremblement de terre de 1988. Dans son village 4000 personnes ont péri dans le séisme. L’épicentre était à Spitak. Conjugué au communisme et à sa chute quelques années plus tard, nous découvrons un pays extrêmement pauvre et détruit.
Mais en reprenant le vélo après la pause déj’, nous découvrons aussi de magnifiques paysages.

Ici, 80 % des voitures roulent au gaz. A la station service, tout le monde est prié de descendre de la voiture le temps du plein.
Arrivés à Spitak, nous nous renseignons pour trouver le centre des Missionnaires de la Charité. Benoît entre dans une église arménienne ; Et ressort en me disant que nous allons suivre le pope jusque chez les soeurs soient encore 5 km.
Tout les 300mètres, le long de la route, des gendarmes sont postés. A un moment donné, l’un d’entre eux nous fait signe de nous arrêter. Qu’y a-t-il ? Oh, seulement un grand convoi de voitures. Ainsi, nous saluons le président de l’Arménie qui rentre à sa capitale !
Enfin nous arrivons chez les soeurs. Un peu gênés tout de même car il fait nuit et les soeurs n’étaient pas prévenues de notre arrivée… Mais aussitôt dit aussitôt fait, nous voilà dans un petit bungalow pour deux nuits. Et demain, nous pourrons être à la messe à 9h !
VI/ Un dimanche avec les personnes handicapées dans un cadre somptueux.
VII / Le jour le plus froid !
Et c’est pas un jour nuageux que nous reprenons nos cliques et nos claques et poursuivons notre route vers la Sibérie du Caucase.

Lorsqu’il faut rejoindre la route principale pour Gyumri

Un col à passer. Pour la première fois, nous préférons la montée à la descente. Qui l’aurait cru ! Car, qu’est-ce qu’on a froid en descente !!!
Petit col de 1940 mètres d’altitude. Je vous laisse imaginer la température là haut.
Enfin, nous arrivons devant l’orphelinat. Nous y retrouvons Lucile et Alex, nos amis. Il fait ici quelques degrés de moins que zéro.
Et le soir… il commence à neiger ! Même Lucile ne pensait pas que nous arriverions jusqu’au bout en vélo.
Vraiment, nous ne roulons pas seuls.
Très chers Benoît et Alix,
Dans quelques heures, nous rejoindrons en famille l’église Notre-Dame de NEUVILLE-DE-POITOU pour célébrer en cette Sainte Nuit, l’anniversaire de naissance de notre Sauveur … et nous ne pouvons célébrer cette eucharistie sans être en pleine communion de cœur avec vous – vous nous manquez … mais nous réjouissons à la lecture de chaque post sur votre blog !!! Quelle merveilleuse aventure et que de richesses vécues … nous vous attendons d’ores et déjà la maison courant 2015 pour nous raconter toutes vos rencontres !!!
Que la Joie de Noël vienne vous réchauffer (il me semble que c’est de circonstances en ces contrées particulièrement glacées !!!) – toute la famille réunie vous adresse ses Vœux les plus chaleureux = TRES JOYEUX NOEL 2014 !!!
Très fidèlement dans la Prière – de gros bisous de Sixtine pour maîtresse Alix (j’en suis désolé, mais Sixtine reste fidèle à cette distinction et ne peut pas effacer ce vocable)
En Christ et à bientôt.
Béatrice, Louis, Clémence, Mathilde, Léonore, Sixtine et Benoît.